« L’inexorable invasion de L’“Aedes albopictus” », comme le titrait Le Monde en date du 24 juin 2023. Un article guère réjouissant paru dans sa série Adaptation : onze chapitres publiés entre le 11 juin et le 16 juillet. Mais une réalité à ne pas négliger tellement l’Aedes albopictus, plus connu sous le nom de « moustique-tigre », s’adapte avec une facilité déconcertante à notre climat et à notre environnement.
Longtemps, on a fait croire que son arrivée en France provenait d’un commerce de poteries chinoises. Il vient bien d’Asie certes. Mais il a débarqué à Menton (Alpes-Maritimes), en 2004, via un arrivage de pneus d’occasion avant de prendre tout simplement la voiture pour se répandre… À ce jour, on estime à 71 le nombre de départements colonisés.
Pourquoi fait-il peser une menace ?
Son pouvoir de nuisance ne se limite pas à l’inconfort des piqûres… l’Aedes albopictus est capable de transmettre des maladies encore rares dans nos contrées, comme la dengue, le chikungunya et le virus Zika. Des maladies qui évoquent des pays lointains et chauds…
« Le moustique, comme tous les insectes, est incapable de réguler sa température interne, donc le réchauffement du climat a nécessairement un impact sur son cycle de vie », assure Anna-Bella Falloux, professeure en entomologie médicale et cheffe de l’unité Arbovirus et insectes vecteurs à l’Institut Pasteur. 65 cas de dengue autochtones (contamination sur le territoire métropolitain) ont été comptabilisés au cours de l’été 2022. Le nombre de cas de dengue dans le monde est passé d’environ un demi-million en 2000 à 5,2 millions en 2019 !
Comment se protéger ?
Outre les règles de base rappelées dans le numéro 44 de Mon village Samatan – à savoir : éliminer les endroits où l’eau peut stagner (déchets verts, encombrants, pneus usagés, etc.) ; vider les récipients contenant l’eau (arrosoir, soucoupe, etc.) ; changer l’eau des plantes et fleurs chaque semaine ; vérifier le bon écoulement des gouttières ; couvrir les réservoirs d’eau (récupérateur eau de pluie, bidons, bassins, citernes, etc.) – nous vous proposons un document plus complet sur la Lutte contre le moustique tigre, rédigé par l’adjoint Didier Villate.
À une échelle plus poussée, hormis les pièges pour faire disparaître les gîtes larvaires, il existe la technique de l’insecte stérile : on relâche un grand nombre de mâles rendus stériles en laboratoire afin que, s’accouplant avec des femelles sauvages, ils rendent leurs œufs non viables.
« Mais il n’existe pas de solution miracle. Il faut avant tout une mobilisation sociale, apprendre aux habitants à se protéger et à réduire les gîtes larvaires », explique Johanna Fite, de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Le moustique-tigre nous a fait basculer dans le domaine de la santé publique. Et, dans pareil cas, rien n’est possible sans la mobilisation de toutes et de tous…
Source : Le Monde du 24 juin 2023.
Pour approfondir le sujet :
Iconographie : agence micromu